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des bouts de Marionette
16 février 2007

Bouge pas, on arrive.

C'est ça les vrais copains.
On s'en voulait de pas avoir téléphoné depuis un peu trop longtemps, et là, alors qu'on se le reprochait, l'appareil sonne.
Le coup de fil qu'on prend en s'extasiant. Tu parles, ça faisait un bail !
Mais la voix se tait et le visage se décompose à une vitesse vertigineuse.
Au bout du téléphone il y a une voix frêle qu'on a peine à reconnaître. On demande, pour savoir si c'est bien l'ami(e) d'avant qui parle au bout du fil, pour vérifier qu'on ne rêverait pas, des fois que..., pour vérifier aussi que la voix qui va répéter le prénom est bien la même que celle qui vient de détonner dans le combiné comme un coup de feu, alors que le timbre était brisé, on demande de répéter le nom. Plus qu'une question, c'est une inquiétude, ou une fatalité. Mais on répète quand même. Et ça répond "oui..." tout doucement, comme pour caresser une plaie suintante.
On raccroche après des "biens sur, oui" "mais évidemment, ne t'en fais pas" "oui, je m'en occupe"... et là, avant d'avoir tout à fait réalisé, il faut faire sonner chez les gens, tous.
Qui n'est pas au courant ?
Tout le monde y passe, certains ont la nouvelle deux fois. Comme m'a dit la mère d'une amie "ça circule très vite dans votre groupe d'amis, je vais appeler ma fille tout de suite je préfère que ce soit moi qui lui apprenne".
C'est en entendant la voix de Jef ~ prof de français adoré et metteur en scène ~ se faire de plus en plus fébrile que j'ai compris.

Et un peu plus tard, les textos, les petits mots, les lettres, les cartes de visites, tout cela arrive, griffonné au stylo noir, même le style est plombé. Mais les vrais copains, ça écrit à l'encre, pas très droit, sur une feuille blanche. C'est maladroit mais tellement vrai...

Et c'est à Perpette-les-Oies, ça bosse dur, ça n'est pas forcément le moment pour tous, mais ça arrive, par paquets, à la gare. Et t'inquiète pas qu'ils seront là, quand le prêtre marmonnera ses prières. T'inquiète pas qu'ils seront là pour prendre ta silhouette fatiguée par les insomnies dans leurs bras, pour te dire, encore, que c'est là, hein, et que quoi que tu fasses, ça t'accompagne, ça te suit, et ça te portera.
Ça croit pas en Dieu, du moins pas beaucoup, mais t'inquiète pas qu'ils prennent pas le risque de le fâcher si Dieu il y a. Ça chante, et même à plein gosier, qu'il fasse un bon voyage ; ça récite des mots vidés de leur sens originel mais tout entier emplis d'amour et de tendresse.
Allez, les vrais copains seront là, j'en serai, et on va le porter jusqu'à son lit éternel, ton papa. Tous les bras, toutes les voix, tous les esprits et toutes les larmes seront du voyage. Il y sera bien, hein... il y sera bien...

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