Une mémoire de rechange en papier

J'écris pour respirer.
Pour être sure de garder une trace de ce que jai pu ressentir maintenant ou avant, pour savoir que là, j'ai souffert, que là, tu m'as manqué, qu'à tel moment, j'étais à tel endroit et je pensais à telle chose. Sans erreur, sans difficulté, sans peur de ne plus savoir.
J'écris pour faire couler de l'encre, pour noircir ou bleuir un papier trop blanc, trop propre, trop sage. Bleuir à en perdre la tête, jusqu'à ce que les pages se contorsionnent sous les mots, jusqu'à ce que ma main gauche titube d'avoir englouti trop de blancheur comme le pilote s'étourdit de l'asphalte qu'il engloutit, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'encre, que tout soit sec, la cartouche, le corps, les veines. Pour le mutiler, pour le gonfler de liquide et le griffer du bout de ma plume. (Le rapport au papier est décidemment bien étrange...)
J'écris pour être sure de pouvoir dormir tranquille : ma mémoire est là, en lettres arrondies ou déformées par la vitesse d'écriture, sur ma table, sous mon oreiller. Elle me permet de m'endormir.
La trouille d'oublier.
De me lever un matin et de ne plus savoir qui je suis, d'où je viens, qui sont mes parents, mes soeurs, d'oublier que je l'aime un peu, d'oublier que je pense à toi, mais oui, à toi aussi, parfois à toi, trop souvent à toi, que je compte beaucoup sur toi et que tu es mon réconfort, que j'aimerais m'oublier dans tes bras, sans oublier que c'est sur tes lèvres et sur ton corps que je voudrais fondre.
Mes mots sont autant de cicatrices et de rides qui seront là, un jour où je ne saurais plus qui je suis, pour me crier que j'ai vécu, que j'ai été heureuse et que, rien que pour cela, j'ai eu raison de vivre.
J'écris pour donner ma mémoire à tout le monde. Un jour, si je la perds, peut-être seriez-vous là pour me la chuchotter à votre tour, me la faire réapprivoiser, soigner mes oublis et mes craintes de ne plus savoir faire résonner "Marion" entre mes lèvres.
J'écris pour donner tout court, pour que je ne sois pas qu'un être humain perdu dans la masse, mais un esprit qui vibre et redessine ce qu'il sent, ce qui le mue, ce qui l'ébranle et le stimule.
L'oubli me fait tourner la tête, les yeux, et me donne le vertige. Même les tout petits oublis sont un pas de plus vers l'irréparable, l'inexorable et l'inconnu.
J'aurais besoin d'une main pour avoir moins peur du Noir.

Comments

[marionette]

ouf ok, mais si moi aussi, mais c'est vrai qu'il y a des gens qui aiment pas dire leur âge, même avant la trentaine, alors... par précaution..
:-)

[Miss Alfie]

Non ça m'fait pas chier ! c'était pour déconner ! au contraire, j'aime bien qu'on me souhaite mon anniv moi ! :p Pas toi ?!!!

[marionette]

:DDD j'vais m'gêner!
(sérieux si ça te fait chier je l'enlève?! dis moi)

[Miss Alfie]

Et dis donc, t'es pas obligé de gueuler sur tous les toit que je vieillis dans une semaine !!!

[marionette]

:D
ouaaaaais... merci Alfie.