Violette, la grande ado
M'sieurs dames, ce soir je vais vous présenter Violette # j'aime pas du tout ce prénom, et il est pas du tout adapté à la personnalité à laquelle je m'intéresse, ceci dit voilà, ce sera Violette quand même. C'est kiki décide? Mmmh? Ah, bon, quand même. #
Violette est une petite nana qui a la pêche, avec une vie bien remplie et beaucoup de copains, et quelques bons amis.
Elle
comprend vite, lie vite connaissance avec les gens ; elle est
sympathique en somme. Elle est armée d'un humour toujours sur le
qui-vive, basé sur un air de foutage de gueule et qui vise souvent
juste. Son père étant dans le métier, il a bossé avec quelques profs de
l'école auparavant. Violette est donc arrivée en territoire conquis.
Il
se trouve que quand elle est sur scène, Violette est absolument
déroutante de sincérité. C'est bien, c'est une belle qualité, et ça la
rend soit très drôle, soit complètement marteau. Quand il s'agit de
tragédie, ce bagage l'aide moins, puisque le malheur n'est pas sur un
tapis de sincérité mais de mort. De fait, Violette peut dire à peu près
n'importe quoi sans un sourcillement.
Mais quand on descend de
scène, que les rapports humains reprennent leur cours un peu
plus simple, Violette reste dans son monde. Elle peut donc être très
brutale dans son humour, en disant des choses (vraies ou fausses)
gênantes. Comme son auditoire est tout acquis # d'ailleurs j'ai beau
essayer de ne pas l'écouter, c'est souvent plus fort que moi #, il
l'encourage, sans le savoir, à raconter des bêtises.
C'est-à-dire
que cette fille pourrait se planter devant moi en me disant, avec un
applomb tout à fait exceptionnel "je suis dé-so-lée, j'suis en retard,
un OVNI était dans les couloirs de mon métro, on est restés bloqués une
heure, jusqu'à ce que, pris de panique, le conducteur ait décidé de
l'écraser." Et je la croierais.
Ce petit jeu assez marrant devient un réel souci
quand elle se fout de la gueule des gens qui ont pris le parti de lui
faire confiance. Par exemple, notre prof du jeudi # qui a bossé et
bosse encore avec son père # s'est faite avoir deux semaines de suite.
La semaine dernière, elle demande si Violette a quelque chose à
apporter pour le cours, et Violette de répondre "ah ben non tu te
souviens pas? la semaine dernière je t'avais dit que blabla donc blabla
alors aujourd'hui je peux pas blabla". C'était - bien sur - pas vrai. Violette
venait de s'inventer une excuse bidon pour faire passer son manque de
travail. Aujourd'hui, Violette est partie de l'école juste avant le
cours avec cette même prof, parce que ça la gonflait d'avoir 4 heures
de cours, sachant qu'elle ne monterait pas sur le plateau, ses
partenaires n'ayant pas pu venir faute de métros.
# Est-il besoin de préciser que c'est très représentatif de Violette ? En cours, alors que le travail est passionnant, que la classe n'a jamais été aussi à l'écoute, que les élèves deviennent fabuleux en scène, que leur présence et leur beauté éclatent, alors que tout le monde est aux aguets, dressé sur sa chaise pendant 4 heures à admirer des gens devenir sacrés sur ces planches... Violette, affalée dans un fauteuil, écrit des textos. J'invente rien. #
La prof, en arrivant, l'a vue
ramasser ses affaires, mais n'a pas voulu la déranger, pensant qu'elle
allait s'acheter un sandwich entre deux cours. Mais au moment de faire
l'appel, la prof constate son absence, l'appelle sur son portable et
lui laisse un message bien salé, déplorant son état d'esprit égoïste et
désintéressé. Jusque là, c'est normal. Ce qui vient est splendide.
Violette écoute le message sur son répondeur, rappelle à l'école. La
prof va décrocher, nous - les élèves - étions restés dans la salle de
cours. Quelques instants plus tard, la prof revient en disant
"Violette avait en fait un rendez-vous prévu de longue date, elle m'a
dit qu'elle m'avait prévenu la semaine dernière, mais je m'en souviens
pas. Ca m'étonne de ne pas arriver à m'en souvenir. Elle aurait quand même pu me le
rappeller quand on s'est croisées aujourd'hui... enfin."
Tous les élèves faisaient des efforts pour ne pas se regarder d'un regard ahuri, tout ça pour ne pas griller Violette auprès de la prof. Par solidarité pour une conne.
Et ça, je trouve ça honteux. Qu'on raconte un mytho pour la bonne cause, je dis pas. Mais raconter un mensonge à quelqu'un de confiance, qui plus est pour "excuser" une attitude déplorable, en lui remettant en plus la faute sur la gueule à l'arrivée, je trouve que c'est absolument minable.
Qu'on ne me demande pas pourquoi je ne supporte pas cette fille. Ca transpire. Plus j'en suis loin, mieux je me porte.