Cartons
Ils sont tous scotchés, bouclés. Il y en a une centaine, plus des meubles et des tableaux, et des trucs qui rentrent pas. Des affaires dépassent de beaucoup. Des manches de raquettes de tennis, des bouts de couettes, des crochets de salle de bain...
Les déménageurs avaient dit à mon père "tenez vous prêts pour 8 heures, hein". Alors on a prévu le coup, et on a eu raison, parce qu'ils étaient là à 7h15. Mon père avait dit "réveil à 6h30 car tels que je les connais, ils seront très en avance, et moi si j'ai pas bu mon café avant qu'ils arrivent... bref c'est pas la peine quoi."
Maman est arrivée avec des chocos et des croissants.
Et là, je suis chez maman, fallait que j'ouvre aux ouvriers qui viennent réparer le store. Ils doivent vider littéralement la maison. Je préfère pas voir ça, en fait.
C'est comme pour le piano. La veille au soir je l'avais ouvert et avait joué un peu, pour l'entendre une dernière fois vibrer sous mes mains. Quand l'ami de papa est venu le chercher, un matin, j'ai dit bonjour au mec avant de monter prendre une longue douche. La plus longue possible. Deux shampooings. Brossage de dents de 5 minutes, jusqu'à ce que j'ai mal aux gencives. J'ai rangé mes affaires, fait mon lit, vidé et étendu la machine de linge. J'entendais des "attends, soulève, encore. Voilà par là. Non à gauche. Ok. Ca passe." Quand je n'ai plus rien entendu, j'ai attendu deux minutes. Un camion a demarré. Je suis descendue. Le piano n'était plus là. C'était vide. Très vide. Bizarre. Et moche. Maman avait les yeux rouges "j'aurais pas du le voir partir".