L'écriture didascalique

J'ai commencé à la fac le cours que j'attendais depuis mon arrivée à Censier : l'écriture. Le premier jour, après une présentation du cours, chacun a écrit un texte didascalique qu'il a ensuite mis en scène avec des étudiants du cours, avant de le jouer finalement devant la classe. Tout ça en quatre heures.

Comme son nom l'indique, l'écriture didascalique consiste en un texte théâtral sans prise de parole.

LA FUNAMBULE
Une fillette.
Un homme âgé.

Ils se tiennent en fond de scène, côté jardin, côte-à-côte, la fillette du côté du public.
L'homme âgé fait un pas en arrière.
Le buste tendu vers l'avant, la fillette se dirige lentement vers l'avant scène, côté cour, sur une ligne imaginaire.
Chaque pas est mesuré, précis, droit et dynamique. La fillette suit une ligne imaginaire.
L'homme, resté en retrait, répond corporelement à chaque mouvement de la fillette ; les deux corps sont dans une seule et même énergie.
Vers la mi-parcours, la fillette, happée par l'issue de son tracé, perd l'équilibre.
Le vieil homme fait instinctivement un pas rapide vers la fillette, le bras droit tendu en direction de son épaule.
La fillette retrouve une stabilité, recroquevillée sur elle-même et le regard au sol.
Le vieil homme va à sa rencontre d'un pas leste, marchant sur une ligne parallèle à celle dessinée par la fillette.
Parvenu à son côté, il la relève, une main posée sur chaque épaule, puis redresse son visage.
Le vieil homme donne une pousse dans le dos de la fillette d'un geste souple et doux, presque caressant.
La fillette fait deux pas avant de jeter un regard en arrière, mais le vieil homme a disparu sitôt l'impulsion donnée.
Comme aimantée par les coulisses qui se trouvent en avant-scène côté cour, elle reprend son tracé précis et régulier.
Arrivée en avant-scène, sur le seuil des coulisses, une lueur d'effroi la saisit.
La fillette s'écroule.